Résumé de l’épisode précédent :
L’Aube est le premier département français pour son patrimoine verrier. Elle concentre en son sein la moitié des vitraux européens.
L’histoire du vitrail à Troyes et dans l’Aube est intimement liée à celle de la ville et du département.
L’une et l’autre ont notamment connu deux grandes périodes de prospérité, la première aux XIIe et XIIIe siècles, la seconde au XVIe siècle.
Ces époques ont largement contribué au succès et à la diffusion du vitrail.
Deux âges d’or…
Au XIIe siècle et au début du siècle suivant, la vie du comté de Champagne, dont Troyes est la capitale, est rythmée par les foires du même nom. Les marchands affluent de toute l’Europe. Devenue un carrefour d’échanges international, la ville connaît un bouillonnement non seulement commercial et financier, mais aussi artistique, culturel et architectural.
Seigneurs éclairés, les comtes de Champagne accompagnent et cultivent cette effervescence en faisant construire de multiples monuments civils et religieux.
Le vitrail fait partie des ornements indispensables à la magnificence de ces édifices.
La cathédrale de Troyes, dans sa version romane puis dans sa version gothique, est le symbole de cet élan vers la transparence, la couleur et la lumière.
Aujourd’hui encore elle offre un parfait résumé de l’évolution des styles et des techniques du vitrail en France.
Le XVIe siècle à Troyes a été baptisé “le Beau XVIe siècle”, la cité tricasse étant alors la cinquième ville du royaume de France. Comme lors de la période précédente, une nouvelle ère de paix et de prospérité économique suscite la construction ou l’agrandissement de nombreuses églises.
La multiplication des commandes d’œuvres d’art pour décorer ces édifices attire un grand nombre d’artistes originaires d’Italie et d’Europe du Nord. En parallèle, la technique du vitrail s’affine et se diversifie. C’est pourquoi on considère le XVIe siècle comme l’âge d’or du vitrail aubois, à l’instar de la sculpture troyenne et de sa célèbre école.
…et une résurrection
Après avoir été éclipsé aux XVIIe et XVIIIe siècles par d’autres ornements, bien que la mode n’en soit jamais vraiment passée à Paris et à… Troyes, le vitrail revient en grâce au XIXe siècle.
C’est celui des restaurations, destinées à réparer les dégâts causés par la Révolution. On restaure dans tous les sens du terme, puisque artistes et maîtres verriers puisent leur inspiration dans le Moyen Age et la Renaissance.
Ce travail de restauration se poursuit au XXe siècle et encore actuellement, mais la création contemporaine liée à la commande publique vient renouveler les motifs et les techniques.
L’art abstrait côtoie désormais l’art figuratif, et le patrimoine verrier, loin de s’effacer, continue au contraire à essaimer et à s’enrichir.
C’est ce que nous verrons dans le prochain épisode