Résumé de l’épisode précédent :
Nous avons découvert l’Hôtel-Dieu et la Cité du Vitrail à travers quatre éléments architecturaux ou décoratifs emblématiques.
Structure unique en son genre en France, la Cité du Vitrail permet de découvrir le vitrail à hauteur d’homme, à hauteur d’yeux.
A la Cité du Vitrail, nul besoin de se tordre le cou pour admirer les verrières qui enluminent/illuminent nos églises. Les œuvres sont là, à portée de main et de regard. Cette proximité nous permet d’en apprécier les moindres détails.
Plus d’une soixantaine d’œuvres sont exposées, mêlant tous les styles, les techniques, les usages et les époques. Certaines sont là à demeure, d’autres ne sont que de passage.
Elles ont été achetées, données ou prêtées.
Que la lumière soit !
La visite se fait de haut en bas du bâtiment, ce qui semble plutôt paradoxal quand on sait qu’un vitrail, quand il raconte une histoire, se lit de bas en haut (et de gauche à droite). Mais c’est la configuration des lieux qui a dicté ce choix, et il s’avère pertinent puisqu’il guide le visiteur vers toujours plus d’espace et de lumière.
Aménagé dans les combles, le dernier niveau (celui par lequel débute la visite, donc) a une vocation pédagogique : il dévoile l’histoire et la technique du vitrail. Sous l’admirable charpente en bois on y a reconstitué l’atelier d’un maître verrier.
Le niveau inférieur abrite la salle du trésor, petite pièce plongée dans la pénombre pour mieux mettre en valeur le plus vieux vitrail troyen connu à ce jour, un miraculé du XIIe siècle précieusement conservé.
Cet étage accueille aussi la galerie des vitraux, qui surprend d’emblée le visiteur par ses dimensions, sa luminosité, la blancheur immaculée de ses murs et de son plafond, et par l’absence totale d’explications, d’écran vidéo ou de borne tactile.
Les œuvres sont laissées nues face au visiteur, ainsi qu’elles apparaissent dans leur milieu naturel.
Ce dépouillement quasi monacal crée les conditions d’un dialogue sans intermédiaire entre le vitrail et le spectateur, et favorise une intimité émouvante d’être humain à œuvre d’art.
Changement de dimension
L’étage plus bas est distribué ainsi : à droite l’espace dédié aux expositions temporaires, à gauche la sacristie et la chapelle.
Avec son mobilier liturgique, la sacristie fait figure de sas entre le monde profane et le monde sacré. Car le visiteur ne s’attend pas à la claque, dans le bon sens du terme, qu’il va recevoir. On sort d’une pièce relativement confinée pour pénétrer sans transition dans une autre dimension. Effet waouh ! garanti, même si cette expression familière sied mal à la majesté des lieux.
Quelle merveille que cette chapelle !
On est submergé par l’ampleur, la luminosité et la puissante beauté qui se dégage du monument.
On reste subjugué devant la splendeur de ce plafond peint et de ces peintures murales en trompe-l’œil. Plusieurs verrières ruisselantes de couleur ont été adossées aux baies comme à des cimaises, ou posées au sol.
Tout ici transpire le luxe et le raffinement. Reflet du génie humain, la chapelle est évidemment le clou de la visite. Au-dessus de l’autel figure une inscription en latin, que l’on peut traduire par : autel privilégié. Alors oui, on se sent privilégié de participer à tant d’harmonie.
Le bonus
La visite ne s’arrête pas là, ou plutôt ne commence pas là, car il nous est conseillé à l’accueil de débuter par l’Apothicairerie qui est située au rez-de-chaussée. Celle-ci fait office de mise en bouche. C’est un musée dans le musée, dont la présence ici n’a rien d’incongru : il existait avant l’ouverture de la Cité du Vitrail, et c’est un témoignage du passé hospitalier des lieux.
Flanquée de son laboratoire, l’Apothicairerie est l’équivalent de notre pharmacie moderne : le laboratoire fabriquait les remèdes à partir des ingrédients d’origine végétale, animale ou minérale entreposés dans l’apothicairerie.
Il s’y dresse deux murs formidables composés de boîtes rectangulaires ou cylindriques en bois, appelées silènes sur lesquelles ont été peints le nom et une représentation du produit qu’elles contiennent. Ce sont des œuvres d’art à part entière.
Une non moins impressionnante collection de céramiques datant des XVIe et XVIIIe siècles complète les rayonnages.
L’Apothicairerie comme le laboratoire présentent aussi une grande variété d’ustensiles et d’instruments, tous plus beaux les uns que les autres, qui témoignent de l’infini richesse de cette époque.
Au-delà de la forte impression que laisse notre visite à la Cité du Vitrail, nous retiendrons quelques œuvres phares relevant d’un choix à la fois objectif et subjectif. Nous les évoquerons dans le prochain épisode.
*De gauche à droite:
Laines-aux-Bois (Aube), église Saint-Pierre-ès-Liens, 1510-1520, coll. Cité du Vitrail, dépôt de la commune de Laines-aux-Bois
Châlons-en-Champagne, trésor de la cathédrale Saint-Etienne, Découverte des reliques de saint Etienne, vers 1155, prêt de la DRAC Grand-Est
Provins, église Sainte-Croix, verrière de la Passion, début XVIe siècle, prêt de la Ville de Provins