Unique révélation scientifique : un oiseau familier fleurirait le nid de sa future dulcinée.
Cette marque inhabituelle, insolite comme chez les hommes, traduirait ainsi toute la délicatesse d’un passereau traité vulgairement d’excentrique et d’importun : l’étourneau sansonnet.
Étant l’un des plus évolués en systématique ( Science de qualification du vivant ), c’est un être exceptionnellement équipé dans la lutte pour la vie, à l’égal des moineaux, corbeaux, pies et geais.
Son intégration est facilitée par de salutaires capacités physiques et psychologiques, adjointes à 78 g. et 17 ans d’espérance de vie.
Revêtu d’un plumage noir aux reflets vert et pourpre, sur fond de pointillés blancs, la marche et la précipitation sont les préférences de l’étourneau.
Recherchant les baies, les insectes, les vers et les larves de tipules, cet explorateur à la queue courte fore le sol de son long bec jaune citron.
Qualifié d’insectivore et d’allié de l’agriculture, en un siècle il en est devenu le rival par son foudroyant développement.
Cette prolifération provient de la conjugaison de plusieurs facteurs : pose de nichoirs adaptés à l’espèce dans les pays septentrionaux, introduction en Amérique du Nord, hivers plus cléments, cultures intensives à sa portée et disparition de ses prédateurs, buses, faucons, éperviers.
Premiers migrateurs de l’année, les étourneaux constituent des essaims repérables au printemps et à l’automne.
Le ciel se remplit alors de volutes ondoyantes et grésillantes « l’individu se fondant dans la collectivité en une seule conscience » ( Paul Géroudet, ornithologue de renommée ).
Au crépuscule, la communauté s’installe en dortoirs, perchée dans les roselières et la végétation basse, accueillant et saluant bruyamment tout nouvel arrivant de l’espèce.
A la nuit tombée, le silence s’établit progressivement jusqu’à l’aurore.
Dès l’arrivée des beaux jours, l’instinct reproducteur se ranimant, des tensions surgissent et le groupe se décompose.
L’étourneau se positionne en guetteur du groupe d’oiseaux rassemblés © Hervé Parmentelat © Donald Lapointe
Doué de nature, l’étourneau reproduit avec volubilité les bruits, voix, chants, sons d’instruments.
Perchés, les mâles pisotent, ondulent les ailes, gonflent leurs gorges et hérissent leurs plumes, « faisant surgir l’hiver au cœur des villes, en étonnants mélomanes, les imitations des chants printaniers d’oiseaux forestiers » ( Sylvie Dewasmes – LPO ) .
Ces prétendants se chargent de découvrir des lieux de nidification en cavités ou fissures, qu’ils garnissent grossièrement de végétaux, de plumes, qu’ils ornent de fleurs, en assurant la défense par le guet.
Le choix et l’aménagement définitif du nid en coupe reviennent à la compagne, la couvaison et les tâches domestiques étant partagées.
Six œufs vert pâle couvés 17 jours, donnent naissance aux juvéniles qui quittent le logis 20 jours après.
En liberté dans une maison, l’oiseau prend sa place, confiant avec les animaux de compagnie, se risquant parfois sur l’épaule ou la main des occupants.
Johann Tschudi, Naturaliste Suisse, rapporte qu’apprivoisé, l’étourneau récitait autrefois à table, le bénédicité, une prière dominicale précédant le repas.
Un étourneau se repose dans un verger © Fabrice Croset
Les Allemands l’appellent dans leur langue « star ». Ce même mot, d’origine anglaise, signifie en français « Étoile de spectacle », un qualificatif parfaitement adapté à notre galant et gai volatile.
Face à la somme de ses comportements sociaux – truculence, familiarité, urbanité, fantaisie – ne devrions-nous pas lui accorder davantage de mansuétude ?
Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne
Photos : Entête et Mise en avant © Fabrice Croset