- De Place du Préau 10000 Troyes à rue Charlemagne, 10000 Troyes
- 3,5 kilomètres
- Propriété : Arbres Remarquables de l’Aube Création Arnault LACULLE et Joël GILBERT – © Association Arbres remarquables de l’Aube
Elaboré par l’association Arbres Remarquables de l’Aube, ce circuit des plus beaux arbres ou alignements d’arbres de la tête du bouchon de Troyes d’environ 3,5 kilomètres va vous réserver bien des surprises….
Marronnier, tilleul, hêtre, chêne, platane, if, saule pleureur, savonnier sont tous autant d’espèces d’arbres qui attendent de vous surprendre.
Outre l’émerveillement que procurent les particularités de ces arbres, l’objet de ce circuit est aussi de rappeler que l’arbre est un élément fondamental de notre cadre de vie.
Il s’agit de les regarder comme êtres vivants et de les considérer en tant que tels.
A une époque où tout va très vite, souvenons-nous qu’une autre temporalité existe.
Celle de la lenteur, des saisons, de la patience et du respect de l’environnement au nom d’une croissance sereine. C’est le temps des arbres.
L’arbre en ville remplit de multiples fonctions : régulateur thermique, protecteur de la qualité de l’air, puits de carbone, contrôleur des eaux pluviales, de la biodiversité, agrément visuel, embellisseur de la ville, sans oublier qu’il favorise le sentiment de bien-être des citadins.
Cette déambulation vous permettra de découvrir ou redécouvrir différents lieux qui caractérisent le cœur de notre cité.
Mais pourquoi ce titre : Tête du bouchon de Troyes?
Vu du ciel, le centre historique de Troyes épouse très exactement la forme d’un bouchon de Champagne.
D’où le nom familier donné par les Troyens à la partie ancienne de leur ville : le Bouchon de champagne.
Le Bouchon est en réalité un héritage du passé, l’aboutissement des transformations successives de la ville, depuis le tracé de la cité gallo-romaine jusqu’à l’érection puis la démolition des anciennes fortifications, en passant par les dérivations successives du cours de la Seine.
C’est au XIIe siècle, sous l’effet de l’agrandissement des remparts, que l’enceinte fortifiée qui ceinture alors intégralement la ville prend sa forme actuelle de bouchon de champagne. Ces remparts sont constellés de tours, d’arches et de portes.
À la Révolution, par bonheur, la destruction des fortifications ne modifie pas la physionomie du Bouchon car on n’y construit pas d’habitations.
Le Marronnier de la place du Préau
Place du Préau 10000 Troyes
Vous vous trouvez actuellement sur la place du préau, ancien emplacement du palais des Comtes de Champagne, transformé en « port au bois » suite à la création du canal de la Haute Seine puis finalement aménagé en jardin en 1900. De nombreux arbres l’agencent mais l’un d’entre eux va nous intéresser plus particulièrement. Il s’agit du Marronnier d’Inde, ou, de son nom scientifique « Aesculus Hippocastanum »
Lorsque l’on s’intéresse à l’étymologie de cet arbre nous apprenons que « Aesculus » désignait, chez les latins, un genre de chêne, tandis que Hippocastanum se compose de « Hippos », le cheval et de « kastanon » la châtaigne, « le genre de chêne aux châtaignes pour chevaux » puisque que celles-ci pouvaient être consommées par ces animaux en petite quantité.
Il fait partie de la famille des Sapindacées, dont l’une des caractéristiques est de regrouper les espèces comprenant de la saponine, molécule se rapprochant de celles du savon, d’où le nom d’un autre arbre de notre circuit, le savonnier, appartenant lui aussi à cette famille.
Vous vous demandez sûrement, mais pourquoi d’Inde ? Malgré son nom, son aire de répartition naturelle se retrouve dans les montagnes du Sud des Balkans (Grèce, Albanie) même si nous présumons que ce sont de précédentes aires glaciaires qui l’ont confiné dans ces zones. Aujourd’hui le marronnier se plait dans une grande partie de l’Europe.
A vrai dire ce nom proviendrait de sa possible importation par la Compagnie française des Indes Orientales depuis un de ces fameux pays des Balkans.
Malgré sa taille impressionnante et sa circonférence de 4m41, ce n’est pas le premier marronnier qu’il vous ait été donné de voir en ville. Sa longévité en milieu rural pouvant dépasser les 150 ans, sa floraison spectaculaire ou ses feuilles dentées caractéristiques ont fait de cet arbre un incontournable dans les cours d’écoles, les parcs et les jardins.
Enfin, sachez pour la petite anecdote qu’à Genève on relève l’éclosion de la première feuille d’un marronnier annonçant alors le début du printemps. Ces relevés sont effectués officiellement depuis 1818 et surviennent aujourd’hui quasiment 1 mois et demi plus tôt qu’à l’origine, témoignant ainsi de l’influence du changement climatique sur nos écosystèmes.
Le Tilleul du musée d’Art moderne
14 place Saint-Pierre, 10000 Troyes
Devant vous se dresse, au sein de la cour d’honneur du musée d’Art moderne, un majestueux tilleul d’une circonférence de 4m44 dont la bouture aurait été rapportée des jardins du Vatican vers 1860 par Monseigneur Emmanuel-Jules Ravinet, alors évêque de Troyes.
C’est un arbre à croissance rapide pouvant atteindre 15 à 18 mètres de hauteur arrivé à l’âge adulte. Il existe 3 espèces répandues sur le territoire métropolitain, le tilleul à grande feuille (Tilia grandifolia), le tilleul à petite feuille (Tilia ulmifolia) ou (Tilia Cordata) signifiant « tilleul à feuilles en cœur » caractéristiques de cette espèce, et enfin le tilleul commun (Tilia x europea) qui est le résultat de l’hybridation des deux précédents. Nous pourrions ajouter le tilleul argenté (Tilia argentea), implanté dans certains centres villes et apprécié pour sa résistance aux sécheresses et à la pollution.
Le tilleul est un arbre possédant une grande symbolique. En effet une grande partie des 60 000 arbres plantés dans chaque commune de France en 1792, appelés « arbres de la liberté » furent des tilleuls. En 1989 il a d’ailleurs été choisi en France pour commémorer la Révolution de 1789.
En Suisse et en Allemagne mais aussi dans l’Est de la France il était d’usage de rendre la justice sous un tilleul dit « tilleul de justice »
Passons du symbole, au concret, il vous est certainement déjà arrivé de croiser dans les rayons de supermarché, du miel de Tilleul. En effet celui-ci est obtenu grâce au pollen et au nectar des fleurs, mais aussi du miellat des pucerons ponctionnant la sève des feuilles et qui sera récolté par nos chers butineuses.
Ce n’est évidemment pas la seule utilité du Tilleul, celui-ci faisant partie des 148 plantes médicinales légalement en vente libre en France. Il est utilisé dans la confection d’huiles essentielles ou bien encore d’infusions connues pour leurs propriétés contre la fatigue, les migraines ou plus largement contre les états grippaux.
Pour la petite anecdote à propos de ces arbres, sachez qu’il existe de vrais crus de fleurs séchées de Tilleuls dont celui de Carpentras, correspondants aux récoltes de la Drôme, du Vaucluse des Hautes et Basses Alpes, qui est le plus réputé.
Le Hêtre du Musée Saint-Loup
1 rue Chrestien de Troyes, 10000 Troyes
Notre parcours vous amène au sein de la cour du musée Saint Loup dans laquelle se trouve cet imposant Hêtre d’une envergure de 24 mètres.
Le nom scientifique du Hêtre est Fagus Sylvatica, « Fagus » ayant par le passé déjà désigné le hêtre, et c’est cette racine latine qui a donné « Fouet » puisque à l’origine ceux-ci était fait d’une baguette de Hêtre, mais aussi les faînes qui ne sont autres que les fruits de cet arbre, ainsi que Fouine, ce petit mammifère dont une des caractéristiques est de raffoler, justement, des faines. Quant à Sylvatica, il se compose du latin « silva » la forêt et du double suffixe -at-ica pouvant signifier à la fois « qui est fait pour le bois » et « sauvage ».
En botanique, une famille tire son nom d’un des genres qu’elle contient, ici notre individu fait partie des Fagacées, dont le nom est issu du genre Fagus, le Hêtre.
Il est, avec le Chêne un des arbres les plus communs de France, en effet 60% des forêts françaises sont composées de feuillus et parmi ces essences, 20% sont des hêtres, cet arbre majestueux pouvant s’élever sans mal à plus d’une trentaine de mètres de hauteur et à l’écorce facilement reconnaissable, fine, grise et lisse. Pour reconnaître ses feuilles rappelons-nous de cette phrase, « le charme d’Adam c’est d’être à poil / le Charme à dents c’est Hêtre à poils », rappelant que les feuilles de Charme sont dentées et celles du hêtre possèdent de petits poils sur le bord, nous dirons qu’elles sont ciliées.
Sur ce lieu vous avez affaire à un Hêtre commun classique, mais sachez qu’il existe deux formes naturelles remarquables de cette espèce, le hêtre pourpre « Fagus sylvatica purpurea » dont les feuilles, vous l’aurez deviné, sont de couleurs pourpres, et le Hêtre tortillard « Fagus sylvatica tortuosa » dont la population la plus connue se situe dans les bois de Verzy dans la montagne de Reims et est connue sous le nom des Faux de Verzy.
Ces arbres se plaisent dans des endroits humides et frais favorisés par des précipitations régulières et supérieures à 650mm par an, sensibles aux excès d’eau et aux sécheresses. Vous comprendrez donc qu’avec le changement climatique, les conditions favorables au bon développement du hêtre devraient se faire de plus en plus rares. A l’orée 2100 celui-ci risque de voir ses populations diminuées drastiquement et être cantonnées à des zones bien particulières telles que les montagnes ou les vallées.
Celui que vous avez devant vous ne dérogera pas à la règle, il est d’ailleurs malade et risque d’être abattu dans les années à venir afin de préserver la sécurité des visiteurs du Musée.
Autrement dit dans les années à venir, Hêtre ou ne pas Hêtre, telle sera la question !
Le Chêne du Musée Saint- Loup
Rue Chrestien de Troyes ,10000 Troyes
Le Musée Saint Loup se dote de deux arbres remarquables, un Hêtre à l’avant, et ce Chêne, magnifique, à l’envergure impressionnante, que seuls les bâtiments du musée semblent pouvoir contenir.
Tout comme son ami se situant de l’autre côté le chêne appartient à la famille des Fagacées.
Il existe beaucoup d’espèces différentes de chêne. Celui se trouvant face à nous est dit Pédonculé. En effet ses glands sont liés à la branche par un axe appelé le pédoncule, qui le différencie d’une autre espèce très commune dans le Nord de la France, le chêne sessile, puisque la sessilité en botanique est caractérisée, pour une feuille, une fleur ou un fruit, par le fait d’être directement attaché à la tige sans pédoncule.
Son nom scientifique est « Quercus Robur », Quercus désignait déjà le chêne et robur a donné robuste, une caractéristique qui n’est pas difficile à imaginer pour définir ces arbres-là.
Ce sont des arbres qui n’ont aucun mal à atteindre les 30m de hauteur, mais c’est surtout leur longévité qui impressionne, celle-ci pouvant atteindre facilement les 500 ans. Nous avons sur notre département le chêne de Vosnon, qui bien que comptant plus d’hiers que de demains, peut-être fier d’être estimé à 800 ans. En France nous avons le célèbre chêne d’Allouville-Bellefosse aussi connu sous le nom de chêne chapelle, datant du IX siècle. Il est aujourd’hui le plus vieux chêne du pays puisqu’on estime son âge à environ 1200 ans.
L’utilisation du Chêne couvre de nombreux domaines. Son bois dur et robuste est apprécié en menuiserie, il sert aussi pour les bâtiments, les charpentes mais aussi pour la construction navale où il fut utilisé jusqu’au XIXe siècle. Historiquement le Champagne vieillissait dans des fûts en chêne ; la facilité de mise en place et de suivi a vu ces fûts remplacés par des cuves en inox, mais nous assistons à un grand retour de l’élevage en fût de chênes, aussi bien dans des grandes maisons que chez des vignerons indépendants. Les bouchons de lièges de vos bouteilles proviennent d’ailleurs d’un autre chêne, le chêne liège, dont l’écorce abondante est récoltée pour leur confection.
Par ailleurs, le chêne en France possède une valeur symbolique depuis l’Antiquité. Les Gaulois, déjà, en considéraient certains comme sacrés, les druides y coupaient le gui.
Je vous souhaite à vous lecteurs, d’atteindre les noces de Chêne, célébrant les 80 ans de mariage, représentant ainsi la longévité du couple et la robustesse du mariage.
Les képis français, la légion d’honneur ou encore la médaille de l’ordre national du Mérite comporte elles aussi des feuilles de chênes.
Il faudrait encore des pages et des pages pour vous raconter l’immensité des informations concernant le chêne, sachez d’ailleurs qu’ici quelques espèces ont été abordées, mais que dans le monde, on en compte pas moins de 600.
Le Platane rue de la Tour
Passage rue de la Tour, 10000 Troyes
C’est entre la rue du Boucher de Perthes et le parking de l’EHPAD Saint Vincent de Paul que se dresse ce mastodonte de verdure. En effet vous avez devant vous le plus gros arbre actuellement recensé du département avec pas moins de 9,80m de circonférence, autant vous dire qu’il vous faudra être accompagné si vous souhaitez l’entourer de vos bras.
Il semblerait que son âge soit estimé aux alentours des 300 ans mais cela semble peu probable lorsqu’on sait que la majorité de ces individus ont été plantés au début du XIXème siècle. Il aurait donc plutôt profité d’une extraordinaire croissance, lui donnant sa carrure impressionnante.
Le Platane est un arbre imposant pouvant atteindre parfois jusqu’à plus d’une cinquantaine de mètres de hauteur, sa longévité est tout aussi impressionnante puisqu’il peut traverser les siècles sans difficultés. Le plus âgé serait un platane d’Orient estimé à un demi millénaire, se situant à Fervaques, petit village dans le Calvados
En France nous possédons 3 espèces de platanes : tout d’abord le Platane d’Orient « Platanus orientalis » originaire de Turquie et des Balkans, qui fut introduit au Ier siècle. Majoritairement planté en arboretum il est possible mais très rare de le croiser ailleurs.
En deuxième nous avons le Platane d’Occident « Platanus occidentalis » celui-ci nous vient de l’est des Etats-Unis et fut importé en Europe en 1637. Tout comme son cousin d’Orient il sera majoritairement planté dans des arboretums.
Enfin, le dernier, le Platane Commun, qui est tout simplement le résultat de l’hybridation des deux précédents, de son nom scientifique « Platanus Hispanica » car il serait apparu en Espagne vers 1650, ou « Platanus Acerifolia » acer désignant l’érable et folia les feuilles, car en effet ses feuilles ressemblent à celle de l’érable.
C’est d’ailleurs celui-ci que vous allez croiser en grande majorité dans les villes, de par sa résistance à la pollution et aux tailles parfois drastiques. Très présent aussi le long des routes puisque durant le XIXème siècle Napoléon a pris la décision, pour protéger ses troupes de la chaleur et du soleil, d’en planter le long des axes les plus fréquentés.
Malheureusement aujourd’hui le Platane est menacé, il est en effet victime du chancre coloré, dû à un champignon microscopique, celui-ci condamnant l’arbre en quelques années seulement. Identifié en 1929 aux Etats-Unis, on suppose que ce champignon a été importé via des caisses de munitions durant la 2nd guerre mondiale lors du débarquement de Provence.
Pour l’instant notre département n’en est pas victime. La maladie sévit sur le pourtour méditerranéen jusqu’à la métropole lyonnaise, c’est le canal du Midi qui en est le plus affecté puisqu’à terme ce sont ses 42 000 platanes qui devront être abattus.
Pour terminer sachez qu’en Grèce, dans la ville de Kos se trouve un platane d’environ 500 ans, descendant direct du platane originel sous lequel Hippocrate délivrait ses cours de médecine.
L’alignement de platanes rue de Molesme
Rue de Molesne, 10000 Troyes
A cet endroit ce n’est pas un arbre isolé mais bien un alignement qui est considéré comme remarquable.
Ce sont 5 platanes majestueux dont la circonférence varie entre 4m pour le plus « petit » et 5 mètres 60 pour le plus « large ».
Vous remarquerez que leur houppier démarre au même endroit pour les 5, en effet ils ont subi une taille similaire et nette il y a plusieurs dizaines d’années les menant à avoir cette similarité.
Le « Platane au trou » du square de la Cité des Amis
Square de la cité des Amis, 10000 Troyes
Situé au coin du Square de la cité des amis, proche de l’intersection entre la rue Surgale et la Rue Célestin Philbois se trouve un Platane qui impressionne par sa taille et son envergure de 5 mètres 15 mais c’est une tout autre particularité qui doit attirer votre attention.
En effet notre individu se pare d’un trou nous permettant d’entrevoir un tronc vide où viennent se cacher insectes, oiseaux et petits mammifères.
Difficile de dire aujourd’hui comment celui-ci est apparu mais ce qui est sûr c’est que notre platane le résorbe au fur et à mesure.
A terme il ne laissera derrière lui que quelques marques sur son écorce, signifiant aux futurs visiteurs l’existence d’une particularité aujourd’hui disparue.
L’If de L’IUMP
10 rue Saint-Matin-es-Aires, 10000 Troyes
C’est dans la cour de l’Institut Universitaire des Métiers et du Patrimoine que vous pourrez admirer ce magnifique conifère. Il s’agit d’un if à baie, de son nom latin « Taxus baccata » « taxus » signifiant l’if et « baccata » vous l’aurez deviné, la baie.
L’if est une espèce dite « dioïque » c’est-à-dire qu’il existe des ifs mâles et des ifs femelles à la différence par exemple du sapin qui possède des cônes mâles et des cônes femelles sur un même individu.
Sa croissance est très régulière, cela nous permet donc d’estimer l’âge de l’individu que vous avez devant vous à plus ou moins 250 ans.
Il faut savoir que tout est toxique dans cet arbre, sauf sa baie, rouge vif, que l’on nomme arille, avec lequel il est possible de faire de délicieuses confitures, mais attention à sa graine, qui elle aussi est immangeable.
L’if est un arbre qui symbolise la mort, déjà de part sa toxicité il semblerait qu’il fut utilisé comme poison pour enduire les flèches lors de la préhistoire, mais c’est surtout depuis les Celtes que celui-ci s’est construit une légende.
Arbre sacré, il assurait le lien entre les vivants et les morts, c’est d’ailleurs pour cette raison que vous retrouvez encore aujourd’hui beaucoup d’individus de cette espèce dans les cimetières et aux abords des églises de France.
Autrefois il existait en Europe des forêts d’ifs appelés « Ivaies » malheureusement celles-ci ont été arrachées car les arbres très toxiques, constituaient un risque majeur pour le bétail et les équidés, qui, se nourrissant des baies, ingéraient par la même occasion ses graines toxiques. Mais c’est à l’époque médiévale et notamment durant la guerre de cent ans que ce bois fut le plus sollicité. Robuste, possédant une certaine souplesse et étant imputrescible, il rassemblait toutes les qualités essentielles pour la confection d’arcs et d’arbalètes.
Son bois est apprécié des sculpteurs et ébénistes pour sa belle teinte orangée-rougeâtre mais aussi par les luthiers car il possède des qualités acoustiques formidables.
Enfin sachez que dans la célèbre Saga Harry Potter, Voldemort, le grand méchant symbole de désolation et de mort possède une baguette provenant de bois d’If.
Tilleul de l’école de Design
13 Bd Henri Barbusse, 10000 Troyes
Au 13 boulevard Henri Barbusse, au sein de l’Ecole Supérieure de Design, se dresse un magnifique Tilleul. Etant à l’intérieur d’un lieu privé il est possible que vous ne puissiez l’admirer que de l’extérieur.
C’est un arbre à croissance rapide pouvant atteindre 15 à 18 mètres de hauteur arrivé à l’âge adulte. Il existe 3 espèces répandues sur le territoire métropolitain, le tilleul à grande feuille (Tilia grandifolia), le tilleul à petite feuille (Tilia ulmifolia) ou (Tilia Cordata) signifiant « tilleul à feuilles en cœur » caractéristiques de cette espèce, et enfin le tilleul commun (Tilia x europea) qui est le résultat de l’hybridation des deux précédents. Nous pourrions ajouter le tilleul argenté (Tilia argentea), implanté dans certains centres villes et apprécié pour sa résistance aux sécheresses et à la pollution.
Le tilleul est un arbre possédant une grande symbolique. En effet une grande partie des 60 000 arbres plantés dans chaque commune de France en 1792, appelés « arbres de la liberté » furent des tilleuls. En 1989 il a d’ailleurs été choisi en France pour commémorer la Révolution de 1789.
En Suisse et en Allemagne mais aussi dans l’Est de la France il était d’usage de rendre la justice sous un tilleul dit « tilleul de justice »
Passons du symbole, au concret, il vous est certainement déjà arrivé de croiser dans les rayons de supermarché, du miel de Tilleul. En effet celui-ci est obtenu grâce au pollen et au nectar des fleurs, mais aussi du miellat des pucerons ponctionnant la sève des feuilles et qui sera récolté par nos chers butineuses.
Ce n’est évidemment pas la seule utilité du Tilleul, celui-ci faisant partie des 148 plantes médicinales légalement en vente libre en France. Il est utilisé dans la confection d’huiles essentielles ou bien encore d’infusions connues pour leurs propriétés contre la fatigue, les migraines ou plus largement contre les états grippaux.
Pour la petite anecdote à propos de ces arbres, sachez qu’il existe de vrais crus de fleurs séchées de Tilleuls dont celui de Carpentras, correspondants aux récoltes de la Drôme, du Vaucluse des Hautes et Basses Alpes, qui est le plus réputé.
Alignement de platanes, boulevard Barbusse
Bd Henri Barbusse, 10000 Troyes
C’est en lieu et place des anciens remparts Troyens que sont désormais alignés 140 platanes le long du boulevard Barbusse, couvrant ainsi 750 mètres de routes du pont de la rue Michelet jusqu’au Quai Saint-Dominique.
Si vous arpentez cet endroit pendant une chaude journée d’été, vous vous rendrez compte de l’importance de l’arbre en ville, des multiples avantages que celui-ci peut apporter, notamment son ombre permettant la réduction des îlots de chaleurs urbains, une diminution de la réflexion lumineuse des façades ou encore le rafraichissement de l’air de par leur « transpiration ».
Le Saule pleureur du Quai la Fontaine
Quai La Fontaine, 10000 Troyes
C’est au début du canal du Trévois, à l’intersection du Boulevard du 14 juillet et du Quai la Fontaine que vous pourrez admirer ce majestueux saule Pleureur. Il est l’exemple parfait de la subjectivité d’un arbre remarquable, en effet il n’est ni très âgé ni particulièrement gros, mais c’est un arbre malgré tout emblématique de notre cité tricasse.
Saluant promeneurs, cyclistes, touristes, nul doute que beaucoup de personnes le connaisse sans forcément le remarquer, et pourtant nul doute que si un jour il venait à disparaitre, il laisserait alors derrière lui un vide immense.
Le saule pleureur de son nom latin «salix babylonica » fait partie de la famille des Salicacées à laquelle il a donné son nom. On y retrouve une quarantaine d’espèces en France, les saules bien entendu mais aussi les peupliers. L’épithète « babylonica » a été donné par le célèbre botaniste Carl von Linné qui a cru qu’il s’agissait de l’arbre cité par la Bible dans le Psaume 137 évoquant l’exil à Babylone. En 1872 le botaniste hébraîste « Paul Aschernon » démontrera qu’il s’agissait en fait de Peupliers de l’Euphrate.
Cette espèce originaire de Chine fut importée en Europe vers la fin du XVIIème siècle. Très bel arbre d’ornement c’est durant la période romantique qu’il a vu sa popularité s’étendre à travers toute l’Europe.
Cependant, celui que vous avez en face de vous est ce qu’on appelle un hybride entre le saule blanc « Salix Alba » et « Salix Babylonica ». Cette hybridation a permis d’obtenir des individus plus adaptés aux régions européennes et craignant moins les maladies que l’arbre d’origine.
Pour finir sachez que l’acide salicylique provient de certains végétaux dont le saule blanc, dont il tire d’ailleurs son nom.
Il fut longtemps utilisé pour son action contre la fièvre, aujourd’hui supplanté par un dérivé bien connu, l’aspirine !
Le Savonnier du Boulevard Danton
Parking Bd Danton, 10000 Troyes
C’est à l’intersection de l’Avenue Chomedey et du Boulevard Danton que se trouve ce magnifique Savonnier ou Koelreuteria paniculé.
En botanique, une panicule est une inflorescence, c’est-à-dire, la disposition des fleurs sur la tige d’une plante, composée de grappes comme c’est le cas pour le savonnier, qui, lorsqu’il est en fleur, se dote d’une parure dorée qui lui vaut un de ses surnoms, « arbre à pluie d’or ».
Tout comme le Marronnier, il fait partie de la famille des Sapindacées et est Originaire de Chine et de Corée du Sud. C’est d’ailleurs dans ces pays que l’on extrait la saponine de son écorce et de ses fruits pour en faire du Savon, d’où son nom, Savonnier.
En France il est surtout utilisé en tant qu’arbre ornemental pour son aspect esthétique. Rustique, ne craignant pas le gel, les maladies, le vent ou la pollution, c’est en été qu’il dévoile sa vraie nature en s’habillant de ses fruits, des capsules en forme de lampion d’une longueur de 3 à 6cm nous faisant comprendre alors, pourquoi certains le surnomme « arbre aux lanternes » ou bien « lampions de Chine »
Sachez enfin, que son nom Koelreuteria tire son origine d’un hommage à Joseph Gotlieb Koelreuter, naturaliste allemand du XVIIIeme siècle.
Platane rue Charlemagne
Rue Charlemagne, 10000 Troyes
Le Platane est un arbre imposant pouvant atteindre parfois jusqu’à plus d’une cinquantaine de mètres de hauteur, sa longévité est tout aussi impressionnante puisqu’il peut traverser les siècles sans difficultés. Le plus âgé serait un platane d’Orient estimé à un demi millénaire, se situant à Fervaques, petit village dans le Calvados
En France nous possédons 3 espèces de platanes : tout d’abord le Platane d’Orient « Platanus orientalis » originaire de Turquie et des Balkans, qui fut introduit au Ier siècle. Majoritairement planté en arboretum il est possible mais très rare de le croiser ailleurs.
En deuxième nous avons le Platane d’Occident « Platanus occidentalis » celui-ci nous vient de l’est des Etats-Unis et fut importé en Europe en 1637. Tout comme son cousin d’Orient il sera majoritairement planté dans des arboretums.
Enfin, le dernier, le Platane Commun, qui est tout simplement le résultat de l’hybridation des deux précédents, de son nom scientifique « Platanus Hispanica » car il serait apparu en Espagne vers 1650, ou « Platanus Acerifolia » acer désignant l’érable et folia les feuilles, car en effet ses feuilles ressemblent à celle de l’érable.
C’est d’ailleurs celui-ci que vous allez croiser en grande majorité dans les villes, de par sa résistance à la pollution et aux tailles parfois drastiques. Très présent aussi le long des routes puisque durant le XIXème siècle Napoléon a pris la décision, pour protéger ses troupes de la chaleur et du soleil, d’en planter le long des axes les plus fréquentés.
Malheureusement aujourd’hui le Platane est menacé, il est en effet victime du chancre coloré, dû à un champignon microscopique, celui-ci condamnant l’arbre en quelques années seulement. Identifié en 1929 aux Etats-Unis, on suppose que ce champignon a été importé via des caisses de munitions durant la 2nd guerre mondiale lors du débarquement de Provence.
Pour l’instant notre département n’en est pas victime. La maladie sévit sur le pourtour méditerranéen jusqu’à la métropole lyonnaise, c’est le canal du Midi qui en est le plus affecté puisqu’à terme ce sont ses 42 000 platanes qui devront être abattus.
Pour terminer sachez qu’en Grèce, dans la ville de Kos se trouve un platane d’environ 500 ans, descendant direct du platane originel sous lequel Hippocrate délivrait ses cours de médecine.