Conférence – De l’invisible dans l’Art

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Le 06 févr. 2025

À propos

Par Itzhak Goldberg, historien d’art et commissaire d’expositions, professeur émérite de l'Université Jean Monnet.

A priori, on pourrait penser que l'art est profondément ancré dans le domaine du visible. Et pourtant, un des enjeux de la peinture, dans le domaine religieux, fut de représenter l'invisible.
Ainsi, selon JP Vernant "Au IIIème siècle de notre ère, Plotin marque le début du tournant par lequel l'image, au lieu d'être définie comme imitation de l'apparence, se donnera pour tâche de figurer l'invisible. Cette "image de forme transcendante", va trouver toute son efficacité dans le champ religieux.
C'est la querelle iconoclaste au VIIIe siècle qui met en face deux manières de voir l'image. Pour les iconophobes, le sacré ne peut être représenté : toute tentative d'approche du transcendantal à travers une image fondée dans une mimétique est idolâtre. Les iconophiles reprochent à leurs ennemis une mauvaise perception de l'image religieuse car, selon eux, l'honneur ne va pas à l'image mais à la divinité dont elle est l'image. Celle-ci doit être regardée non pas pour elle-même mais pour l'émanation d'un au-delà, autrement dit de l'invisible.
La "querelle" liée à la naissance de l'abstraction n'a pas la même ampleur et se situe essentiellement dans un champ artistique. Il n'en reste pas moins qu'on peut voir une analogie dans la question de la représentation de l'invisible telle qu'elle se pose à l'époque iconoclaste et à ce moment déterminant de l'histoire de l'art qu'est le début du XXème siècle. De fait, l'enjeu principal des artistes de la première génération de peintres non figuratifs demeure comment, en l'absence d'un sujet, viser l'universel, comment exprimer picturalement la spiritualité. Le titre du livre de Kandinsky "Le spirituel dans l'art", résume cette quête.
La disparition de l'objet qui marque la rupture fondamentale à partir de laquelle se fonde l'abstraction oblige les artistes à présenter son art comme le témoin d'une réalité nouvelle. Réalité qu'il s'agit aussi de faire partager au public, ce qui implique une conception presque missionnaire du rôle de l'artiste. Dans ce sens, le domaine religieux, où il faut croire pour voir, et encore plus le domaine mystique, sont des outils efficaces pour transformer les formes, voire les faire disparaître. C'est un langage qui parle d'une réalité transcendante, qui propose une vision utopique du monde, commune à la première génération de l'abstraction. La plupart des artistes d'avant-garde se présentent souvent, à travers leurs écrits, comme des prophètes qui ouvrent une nouvelle voie mettant en cause l'ancienne tradition.
Paradoxalement, au même moment, les avancées majeures scientifiques - l'électricité, les rayons X, la quatrième dimension - enflamment l'imaginaire artistique qui cherchent à figurer ces réalités nouvelles, invisibles à l'œil nu.
Entre cette forme d'invisible et celui religieux, l'image se cherche.

Informations supplémentaires :
Conférence organisée par l'association des Amis du musée d’Art moderne.
Entrée libre et gratuite (dans la limite des 100 places disponibles).

Date

Le 06 février 2025
JoursHoraires
JeudiÀ partir de 18h00

Tarifs

Gratuit

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