La plupart des villes avaient au Moyen Âge leur quartier juif : Troyes ne fait pas exception
Le quartier de la Broce-aux-Juifs
Le quartier dit de la « Broce-aux-Juifs » était situé dans l’enceinte de la première ville fortifiée de Troyes sur l’emplacement de l’ancien oppidum gallo-romain.
Il s’étendait du Quai des Comtes de Champagne jusqu’à la rue Boucherat et abritait la communauté juive de Troyes.
Broce signifie « brousse » ou « brosse » en ancien français, un mot que l’on retrouve dans les commentaires de Rachi qu’il définit comme « une forêt semblable à une chevelure mince et drue ». On y cultivait vraisemblablement la vigne pour les besoins quotidiens des habitants.
La rue Boucherat actuelle est située sur l’ancien cardo gallo-romain. Au XIIe siècle, elle aurait abrité une auberge qui accueillait les marchands juifs se rendant aux célèbres foires de Champagne.
La porte de la Girouarde menait à l’extérieur des remparts, non loin du cimetière juif détruit au XVIe siècle, alors situé entre l’actuelle Médiathèque Jacques Chirac et le Théâtre de Champagne.
La rue Saint-Frobert porte le nom de l’ancienne église (à présent occupée par des logements) qui aurait été édifiée sur le site d’une synagogue médiévale où Rachi aurait enseigné.
La rue du Paon correspond probablement à l’emplacement de la demeure de Rachi.
Restaurée depuis 1986, on découvre au n°16, l’hôtel des Sœurs-Noires, où était dispensé un enseignement janséniste de 1668 à 1749.
Une importante communauté juive dès le Moyen Âge
Dès le haut Moyen Âge une communauté juive s’installe dans le quartier de la Broce-aux-Juifs, tout proche du château des Comtes de Champagne. Le rabbin Chlomo ben Itshak (Salomon fils d’Isaac), dit Rachi (1040-1105), ), y fonde au XIe siècle une célèbre école talmudique. Rachi est le plus important commentateur de la Bible hébraïque et du Talmud (recueil de décisions et lois de la tradition juive consigné et commenté par des rabbins).
Comme dans toute la Champagne, les Juifs de Troyes y jouissent de conditions de vie plutôt favorables du XIe au XIIe siècle. De nombreux échanges animent les relations quotidiennes entre les communautés juives et chrétiennes qui parlent la même langue et pratiquent les mêmes métiers : vigneron, boucher, boulanger, orfèvre, tailleur de pierre, artisan du verre, fondeur de monnaie, vannier, potier, agriculteur, éleveur….
Un autre quartier juif a probablement existé plus tardivement, avant le XIVe siècle, près de l’actuelle église Saint-Pantaléon (rue de la Synagogue).
L’Institut Universitaire Européen Rachi et la Maison Rachi (exposition permanente sur Rachi à la synagogue), deux institutions situées dans le quartier de la Madeleine , perpétuent aujourd’hui la mémoire de Rachi et de la communauté juive médiévale.