Le département de l’Aube recèle un bel exemple de fantôme qui hante encore le présent : le canal de la Haute Seine, dont l’activité fut éphémère et incomplète, mais qui a semé les petits cailloux de son existence afin que l’on en retrouve la trace.
Sa présence est bien sûr manifeste à Troyes, où un tronçon a été conservé quasiment intact au centre-ville. Les grandes artères rectilignes qui s’en détachent gardent l’empreinte de son tracé.
Sortant de Troyes, vers l’aval, les anciennes maisons éclusières, toujours habitées, jalonnent le paysage. D’autres ouvrages directement liés à l’exploitation de l’ancien canal ont survécu à sa désaffectation.
À Saint-Thibault, au détour de la zone industrielle des Marots, dans la bien nommée rue de l’Écluse, l’écluse de Villebertin offre le spectacle surréaliste d’un couloir de pierre posé au milieu d’un terrain engazonné. Sentiment bizarre de marcher à la place des péniches.
Ce Stonehenge aubois est-il le lieu de culte préféré des lapins qui pullulent à cet endroit ?
Plus loin dans la commune, rue du Stade, une autre écluse abandonnée voit toujours de l’eau couler contre ses flancs. En amont de Troyes, le canal de la Haute-Seine a conservé sa physionomie d’origine et une voie verte l’escorte aujourd’hui.
À la sortie de la ville, le pont-canal de Barberey-Saint-Sulpice constitue une étape obligée, car il s’agit du premier pont métallique construit en France, entre 1843 et 1846.
Il permettait au canal de franchir la Seine.
Un temps laissé à l’abandon, il a été restauré et ouvert à la circulation douce.
Piétons et cyclistes peuvent admirer sa singulière alchimie de fonte et de fer forgé, de pierre et de brique. La passerelle d’acier qui autorise le passage est démontable, en prévision d’une éventuelle remise en eau.
À Barberey-Saint-Sulpice, direction Sainte-Maure, on y accède en une dizaine de minutes à pied par un chemin goudronné.