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En 1479, le Conseil s’installe à demeure dans le «corps du bouchon » et loue près de l’église Saint-Urbain une maison nommée alors Chambre de l’Échevinage, dotée d’une cloche qui appelle aux réunions. En 1494, le Conseil de ville achète l’hôtel de Mesgrigny, grande bâtisse en pans de bois du XVe s. Lors du Grand Feu de 1524, cet édifice sera très endommagé, si bien qu’à son emplacement, au début du XVIIe s, le Conseil de Ville décide de faire construire un nouvel Hôtel de Ville. Louis XIII autorise pour ce faire l’affectation d’une part minime des recettes des taxes sur le vin et le sel. L’édifice s’élève donc peu à peu et n’est achevé que vers 1672. Deux ailes sont ajoutées à l’arrière en 1933 et 1937 par l’architecte F. Balley. La façade centrale aux colonnes de marbre bleu de Tournai est percée d’une niche abritant une Minerve casquée, qui remplace une statue de Louis XIV détruite à la Révolution française. La cheminée monumentale de la salle du Conseil municipal, elle, s’orne encore d’un grand médaillon en bois à l’effigie de ce roi, sculpté en 1687 par le troyen François Girardon (1628-1715). Autre trace mémorable de la Révolution sur la façade, la devise qui figurait à l’époque sur toutes les mairies de France est ici intacte : « Unité, Indivisibilité de la République, Liberté, Égalité, Fraternité ou la Mort ».
Achevées en 1876, les Halles sont l’œuvre de l’architecte municipal Emile Bailly. Celui-ci s’inspire de celles que Victor Baltard vient de créer à Paris, en associant le fer, la fonte et le verre, pour bâtir l’un des marchés couverts les plus vastes de ce type. La construction est typique du XIXe s. par ses matériaux et ses lignes sobres et élancées : dix-huit poteaux de fonte soutiennent l’immense voûte moulurée, formée d’une triple volée de toits séparés par des baies vitrées. Une mezzanine est ajoutée à l’ensemble en 1987. Les Halles sont aujourd’hui l’un des rendez-vous quotidiens favoris des Troyens : on peut y découvrir les gourmandises et les produits du terroir de l’Aube (fruits et légumes, andouillette, fromages, champagne…) ou plus exotiques, dans une ambiance chaleureuse, sympathique et particulièrement animée le week-end.
En 1870, le maire de l’époque Désiré Argence fait un legs à la ville de Troyes. Une partie de cet argent sera utilisé à l’établissement d’une fontaine qui portera son nom. : La Fontaine Argence
Désiré Argence, maire de Troyes de 1859 à 1870, a aussi donné son nom à l’Espace Argence, centre de spectacles et de congrès doté d’une salle de 3 000 places et de multiples lieux de réunion. Le pôle culturel Argence comprend également le conservatoire de musique, de danse et de théâtre de Troyes, dédié à Marcel Landowski (1915-1999), célèbre pianiste et compositeur, artisan du renouveau de la vie musicale française. L’architecture résolument contemporaine de ses locaux contraste agréablement avec le reste des bâtiments (entrée rue de la Paix). On y trouve aussi l’Harmonie Municipale.
La gare de Troyes se situe juste à l’extérieur du « bouchon de champagne », centre historique de Troyes. Vers 1850, la création d’une ligne des Chemins de fer de l’Est (Paris-Troyes-Mulhouse / Belfort) impose un tracé qui contourne le centre-ville. C’est sur les fossés extérieurs des anciens remparts que la voie est installée, près du réservoir d’eau du Ravelin. Une nouvelle gare est construite en 1857-58 pour remplacer « l’Embarcadère », terminus de l’ancienne ligne Troyes-Montereau (c’est l’actuel Espace Argence, pôle culturel). La façade de la gare, classée Monument historique, est composée d’un alignement de baies en plein-cintre surmonté d’une balustrade évoquant sans doute les fortifications rasées. Au centre, l’indispensable horloge géante est finement sculptée. L’entrée s’orne d’une large marquise de fer forgé, due au cabinet de Gustave Eiffel. Un nouveau vestibule des voyageurs, de style néoclassique, est construit devant la gare en 1912. En 1982, la gare est rénovée, et une aile moderne lui est adjointe.
L’ancienne rue Notre-Dame (aujourd’hui rue Emile Zola) s’évase vers l’ouest en une vaste place triangulaire appelée autrefois Place du Marché-au-blé. Le commerce des céréales, fondement de l’alimentation médiévale, actif et lucratif, explique la présence de nombreuses auberges et hôtels tout autour de la place durant plusieurs siècles, dont par exemple l’hôtel du Mulet ou l’hôtel des Trois Rois. Mais la place est aussi le lieu des exécutions capitales : on y trouve au XVIe s. deux piloris, où l’on expose les délinquants face au public, et une potence, où l’on pend les criminels. La Révolution Française juge que les exécutions seraient moins cruelles grâce à la guillotine : c’est sur cette place aussi qu’elle est dressée. Parmi les condamnés célèbres, l’histoire a retenu le nom de Claude Gueux, emprisonné à Clairvaux et guillotiné en 1832. Son exécution a indigné Victor Hugo qui publie à son sujet un fameux pamphlet contre la peine de mort. Sue cette place se trouve également l’ancienne halle de la Bonneterie construite en 1837. Les fabricants de bonneterie venaient y vendre leur production. En 1905, celle-ci est reconvertie en Bourse du Travail. La place porte depuis 1919 le nom de Jean Jaurès, éminent homme politique français, député de Carmaux (Tarn), socialiste et pacifiste, qui fut assassiné à Paris à la veille de la Première Guerre mondiale.
Quartier historique des célèbres Foires de Champagne entre le XIIe et le XIIIe s, celles-ci ont lieu principalement autour de l’église Saint-Jean-au-Marché, ainsi que dans les rues et places adjacentes, spécialisées en un ou plusieurs types de commerce : friperie, épicerie, volailles, draperie, saunerie (sel)… Sur cette place se tiennent les changeurs, agents de change, souvent juifs ou lombards (Italie du nord), dont beaucoup sont installés à Troyes depuis des générations. Tout près d’ici, rue de la Montée-des-Changes, l’hôtel des Angoiselles est construit pour une famille de banquiers lombards. Avec le déclin des foires au XIVe s, cette place est occupée par des horticulteurs et des herboristes (on l’appela alors place du Marché-aux-Herbes), puis au XVIIe s. par des boulangers. C’est ainsi qu’elle prend son nom actuel.
Cet hôtel de style Renaissance a appartenu depuis le début du XVe s. à une grande famille troyenne de drapiers et de magistrats, les Jouvenel, anoblis sous le nom de Juvénal des Ursins. La rue Champeaux s’est d’ailleurs appelée « rue de la Draperie ». Jean Jouvenel ou Juvénal (vers 1360-1431), magistrat à Troyes puis à Paris, est nommé en 1388, prévôt des marchands de Paris. Parmi ses seize enfants, Jean, Archevêque de Reims, participe à la révision du procès de Jeanne d’Arc, et Guillaume (1401-1472), est chancelier des rois de France Charles VII puis Louis XI. L’hôtel est reconstruit en pierres de Tonnerre après le grand incendie de 1524. La façade aux grandes fenêtres à meneaux moulurés s’orne d’un bel oriel de style renaissance à trois faces, surmontées d’une partie finement sculptée à jour (restaurée au XVIIe s.). Les vitraux intérieurs représentent les donateurs et La Crucifixion. Le toit comporte une grande lucarne de style gothique flamboyant du XVIe s.
Rue commerçante de la ville depuis des siècles, la rue Emile Zola était autrefois composée de plusieurs rues successives, dont la rue de l’Epicerie. S’y déroulait, à la période des Foires de Champagne, le marché aux épices. Des produits comme le poivre, la cannelle, la muscade, le cumin…sont importés et stockés par les marchands italiens pour être revendus aux négociants d’Europe du Nord. Une autre partie de cette rue portait le nom de rue Notre Dame, en référence au Couvent Notre Dame aux Nonnains, qui se trouvait dans le prolongement. Cette rue était le berceau de l’imprimerie troyenne au XVème siècle.
La requalification urbaine de cette rue et les belles réhabilitations qui ont été faites, en font un axe incontournable pour les touristes.
Située au pied de la Préfecture et de l’Hôtel du Département, la place de la Libération est un lieu chargé d’histoire. Mais c’est aussi un lieu charnière à Troyes puisqu’elle se trouve à la jonction des deux parties de la ville, dont elle fait le lien, entre ce qu’on appelle ici communément « le corps et la tête du Bouchon de Champagne ». Cette place a été construite à l’emplacement d’un ancien cimetière et de l’église St Jacques Aux Nonnains, démolie en 1796 au profit d’une éphémère halle aux grains. Rebaptisée à plusieurs reprises, elle n’en a pas fini avec ses transformations successives, puisque le square (aménagé en 1912, s’orne d’un groupe en marbre blanc de Suchetet « le rapt » – un triton enlevant une naïade).- au charme provincial – que fréquentèrent les Troyens tout au long du siècle dernier – a cédé la place à un parc urbain, de conception résolument moderne. Le jardin recouvre un parking souterrain de forme hélicoïdale, qui possède une particularité à découvrir ! Ses 7 niveaux sont décorés de 150 m2 de vitraux contemporains. Comme un clin d’œil à la Cathédrale toute proche….
Hôtel du Petit Louvre (XVIe-XIXe s.) : adossée au premier rempart de l’antique cité, près de la porte sud, cette ancienne maison de chanoines date du XVIe s. Elle fut la demeure de Louis Budé, frère de l’humaniste Guillaume Budé. La tourelle, reconstruite en 1989 lors de la réhabilitation du bâtiment, repose sur le tout premier rempart de Troyes, dont on peut apercevoir les vestiges à gauche de la grille d’entrée. À ses pieds, la petite maison des Trois-Pierres, qui date de 1753, a longtemps servi d’échoppe de cordonnier. La porte cochère s’ouvre aujourd’hui par une grille qui remplace les vieux vantaux de chêne. Dans la cour intérieure à gauche, la belle maison à pans de bois du XVIe s. conserve ses poutres avec abouts sculptés de figurines et d’écussons polychromes ; celle de droite est sans doute du XVIIIe s. Aux XVIIIe et XIXe s, la famille Bourliet de la Prairie y installe un grand relais de poste : les diligences qui passent par le portail de la rue Linard-Gonthier rallient alors Paris en une seule et dernière étape, de vingt-quatre à trente heures.
La Cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul : Erigée en plus de 400 ans, la cathédrale illustre les étapes du style gothique, classique, rayonnant et flamboyant, mais l’ensemble est très homogène et admirable tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. De 114 m de long et 29,50 m d’élévation, c’est l’une des plus célèbres de France tout particulièrement pour ses vitraux classés (1 500 m2), son élégance, la qualité de ses sculptures, de ses œuvres peintes, de ses tapisseries. La tour Saint-Paul ne sera jamais élevée en raison d’une crise de la foi et d’un manque de financement. Dans le chœur, des vitraux du XIIIe s. représentent entre autres Marie, saint Jean, divers épisodes de la Bible, dans la nef, on peut remarquer entre autres, un Arbre de Jessé (± 1500), et dans le bas-côté nord de la nef, le Pressoir Mystique (1625) de Linard Gonthier, célèbre maître verrier troyen (1565-1642). Les stalles du chœur, en bois sculpté (XVIIIe s.) proviennent de l’abbaye de Clairvaux, ainsi que les célèbres grandes orgues (XVIIIe s.). La cathédrale conserve un remarquable trésor, constitué à partir de 1204 (pillage de Constantinople par les Croisés), qui inclut un ensemble exceptionnel de châsses (dont celle du chef de saint Bernard de Clairvaux). C’est dans cette cathédrale qu’est juré en 1420 le «Honteux Traité de Troyes» qui donne la couronne de France à Henri V d’Angleterre. Le 10 juillet 1429, dans ce même lieu, Jeanne d’Arc obtient l’allégeance de la ville au jeune Charles VII pour « bouter les Anglais hors de France », comme le signale une plaque au bas de la tour.
Œuvre conçue par le couple d’artistes aubois Michèle et Thierry Kayo-Houël, le Cœur de Troyes est la pièce maîtresse de la requalification des quais du canal de la Haute Seine. Réalisé par l’atelier Sotralinox, cette dentelle est constituée de plus de 200 morceaux d’acier inoxydable assemblés entre eux pour un poids d’une tonne et demi, 4 m de large, 3,5 m de haut et 2 m de profondeur. A la tombée de la nuit, habillé de lumières rouges, le cœur s’illumine et à mesure que les spectateurs s’avancent, une caméra et un programme informatique anime les battements lumineux : c’est un cœur qui bat ! Posé au beau milieu du « bouchon », entre son corps et sa tête, ce cœur symbolise aussi le romantisme dont est empreinte la cité historique.
La requalification des quais de Seine a permis de restituer un lieu de vie, de balades et de rencontres et a redonné une valeur historique légitime à la place de l’eau dans notre ville et marqué la présence de l’hyper-centre en reconnectant la tête et le corps du Bouchon de Champagne.