François d’Assise proclamé en 1979, patron des Ecologistes, demandait de laisser toujours une partie de son jardin sans la cultiver afin qu’y croissent des herbes sauvages venues spontanément du sol et pour élever ainsi son esprit vers l’Auteur de tant de beautés.
Dans une époque pensant majoritairement que rien n’existerait en dehors de notre conscience, la Nature interpelle et parfois atteste sa présence à notre insu, lorsque nous la frôlons.
C’est de cette manière qu’en automne, elle peut nous amener à transporter des graines (zoochorie*), par le biais d’un animal de compagnie ou d’un vêtement.
Promenant son chien, George de Mestral, Ingénieur helvétique s’enivrant d’espace, en a vécu l’expérience.
Leur rencontre fortuite à tous les deux, en trinôme avec une plante sauvage inconnue allait améliorer, le temps aidant, notre vie domestique et celle de nos enfants.
De retour chez lui, il constata la profusion de capitules accrochés à la toison du canidé et à son pantalon.
Il les extirpa avec difficultés, les observa au microscope et découvrit de minuscules crochets élastiques sur les bractées contenant les graines de la bardane (en grec, « arctos » signifie : oursin).
Pétri de patience et d’inspiration durant dix années émaillées de déconvenues, il parvint avec génie à finaliser ses recherches en concevant à une échelle réduite, un prototype nylon, parfaite imitation du procédé naturel et lui donna le nom de « velcro ». Capitules de bardane © Yves Meurville
Le brevet et l’intitulé furent déposés en 1952, la mise au point de l’invention, rapidement commercialisée dans beaucoup de domaines avec l’aide au départ d’un fabricant de textile à Lyon.
Par le biais de cette découverte, la NASA fit confectionner les tenues de ses astronautes ( gants, pantalons, gilets ) et l’armée américaine commandita l’étude d’un procédé plus silencieux que le scratch traditionnel mais dont la méthode de façonnage restera secrète, et encore aujourd’hui .
Il est impossible d’ignorer la vertueuse bardane de 2 mètres, d’origine Asiatique, résistante aux maladies, aux énormes oreilles de géant de 0,50 m, appréciées des limaces et des escargots.
Sa belle floraison pourpre la deuxième année de sa croissance, son allure altière autour de nos maisons et sur nos terrains vagues, sont parfois spectaculaires.
Facile à cultiver, Charlemagne, Roi des Francs, la recommanda comme aliment, dans un texte législatif.
Ainsi la promotion de sa valeur culinaire, permettra la récolte du bulbe charnu avant la montée en fleurs et, cuit à l’étouffée, la consommation en plat gratiné.
Ses feuilles naissantes de première année sont comestibles et se cuisinent à l’égal des épinards.
A la fin du 19ème siècle, sa renommée périclita malgré une persistance à toujours croître en invincible conquérante des sols azotés.
Très ancienne espèce médicinale de la famille des composées, connue des Médecins et des Agronomes latins pour son réel pouvoir antiseptique, elle est le remède indigène* des affections externes et de la régulation du taux de glycémie dans le sang.
Des compresses de pulpe de racines fraîches broyées sont profitables pour traiter les maladies cutanées et en soins capillaires, une lotion stimule la pousse des cheveux.
Une application de son feuillage à la fonction bactéricide, est prescrite en topique* sur des lésions torpides* et comme anesthésique sur des piqûres.
Elle trouve donc patiemment ses lettres de noblesse auprès des hommes et pour ses graines, auprès du chardonneret élégant, l’oiseau fétiche par excellence des Algériens.
Malheureusement, elle est encore injustement méconnue, détruite car entravante et extravagante, « bardane » signifiant dans le langage symbolique des fleurs « l’attachement durable ».
Ayons donc de la gratitude pour « elle », lorsque nous bouclons « le scratch » de nos vêtements et de nos chaussures.
Réalisons toute la valeur que nous en retirons, ceci par l’intelligence du regard d’un homme et par le corps souple de son chien contemplatif l’ayant effleurée un après – midi d’automne.
Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne
1) – Le velcro : est un nom déposé, il est le diminutif de velours et de crochets,
ensemble de deux rubans qui s’assemblent par contact
2) – Attrape – conjoint : il suffisait de projeter les capitules de bardane sur une personne
et de voir s’ils s’agrippaient ou non sur elle, pour être fixé sur son choix
3) – Cadeau des Aliens : un bruit a été répandu que le « velcro » n’était pas une invention humaine mais un cadeau fait aux terriens par les Aliens
4 ) – Succédané du tabac : les feuilles de la plante étaient séchées et fumées, servaient
aussi de chapeaux pendant l’été
Petit lexique :
- La zoochorie* : en botanique, technique de la plante qui consiste à disperser ses graines par le poil des animaux et par les vêtements de l’homme ( anthropochorie ) – la bardane, le gaillet gratteron, l’aigremoine – ou par l’intermédiaire de leur système végétatif pour certaines graines recueillies par les oiseaux
- Indigène* (nom et adjectif) : nés (ées) dans le pays en question, qui vit naturellement dans une région
- Topique* (adjectif) : agissant sur un point précis du corps
- Torpide* (adjectif) : lésion ou affection qui évolue très lentement
Photo d’entête : Bardane © NickyPe et de mise en page : Franck © Yves Meurville