Les Grecs appelaient le monde global « éclat et ordre », conscients de ce qu’ils avaient autour d’eux sans utiliser le mot nature.
Nous pourrions, nous aussi faire également ce constat avec la découverte de ce mois de mai.
La lumière brillante et rosée qui suit l’aube et précède le lever du soleil s’appelle « aurore ».
C’est aussi le nom du prestigieux papillon, l’aurore, anthocharis cardamines L. signifiant en grec « grâce et beauté d’une fleur », et « ce qui brille et réjouit le cœur ». Il porte bien le nom de sa plante hôte.
C’est l’un des premiers insectes précoces du printemps qui attire le regard du promeneur par sa vivacité de déplacement, sa gaieté et sa couleur jaune – orangé à l’extrémité de ses ailes.
La femelle de l’espèce, plus lourde, est blanche avec un point cellulaire noir et une tache apicale sur chaque aile antérieure, des zébrures vertes au dos, elle est souvent confondue avec la piéride du chou.
On rencontre ce papillon dans les prairies humides de notre région et même au Parc des Moulins à Troyes où pousse à mi-ombre la plante qui lui est inféodée et qu’il féconde par le pollen.
Après la ponte d’œufs isolés en mai sur les sommités des boutons floraux, elle héberge comme une nourricière pendant quelques semaines des chenilles pubescentes vert – bleuté piqueté de noir qui naissent dix jours après et se nourrissent durant quelques semaines de ses siliques (1) fraîches dont elles sont mimétiques.
En juillet, la chrysalide naviculaire (2) ceinte d’un fil de soie se tiendra sur différentes tiges et y passera tout l’hiver.
Pour terminer le développement, le papillon en sortira l’année suivante au printemps et s’envolera, bouclant ainsi son cycle.
Par un après-midi lumineux et ensoleillé, suivez-le donc, il vous conduira inexorablement à cette fleur qui lui est destinée à vie. Son nom cardamine-des-prés ou cresson sauvage.
Cette plante vivace annuelle signifiant littéralement « écume des prés » en allemand, « dame des bois » en anglo-saxons est associée par la tradition populaire aux orages de printemps et au chant du coucou (cuckoo flower en anglais).
Ses fleurs groupées en croix et légèrement parfumées, lilas clair, parfois rosées ou blanches, ondulent poétiquement en vagues sous la brise.
Elle est une crucifère annuelle de 40 cm de hauteur qui se développe au sol par un rhizome fibreux et dont les feuilles de la base, les rosettes, ayant l’aspect frappant du cresson, riches en vitamines A et C, en lipides, étaient consommées déjà à la préhistoire.
A maturité, ses graines sont expulsées par catapultage à 2 mètres par l’intermédiaire de son fruit sec, la salique, qui s’enroule sur elle-même.
Les Jardiniers du 19ème siècle la cultivaient avec leurs plantes potagères mais Monsieur Vilmorin – Andrieux, botaniste, décréta subitement vers 1929 qu’elle n’avait plus de valeur et sa notoriété jouant, il fut écouté.
Dans certaines régions, on interdisait autrefois aux enfants de cueillir cette fleur prétextant qu’ils se feraient mordre par un reptile dans les mois suivants la cueillette.
Ces deux espèces du végétal et de l’animal sont interdépendantes, liées à vie ; nous n’y toucherons donc pas tellement elles sont fragiles, faisant partie de l’écosystème de la communauté du vivant.
Pour conclure :
- différentes recettes existent: pesto de cardamine des prés et salade de cressonnette dont le détail est sur internet
- la chaîne YouTube, nous propose de regarder le magnifique lever du jour « l’aurore », sur une musique de Maurice Ravel
Glossaire :
- Silique de la cardamine : fruit sec avec 2 cavités qui s’ouvrent une fois sèches. C’est aussi une ancienne monnaie en argent utilisée sous l’Empire Romain (Constance II – 358-360 Lyon)
- Chrysalide naviculaire : qui a la forme allongée d’une nacelle ou d’un petit bateau
Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne
Quelques liens pour poursuivre vos découvertes sur la nature :
Photo d’entête et de mise en avant : L’aurore orangée © Yves Meurville