Les communautés vivantes fonctionnent comme des systèmes : exemple avec le paon du jour, inféodé à sa plante hôte, l’ortie piquante.
Le paon du jour Inachis io
L’idée que les communautés vivantes fonctionnent comme des systèmes vient de l’Américain Stephen Alfred Forbes (1884-1930).
En voici un exemple aujourd’hui avec la célébration d’un papillon familier qui hiberne dans notre département, le paon-du-jour, inféodé à sa plante hôte, l’ortie piquante, la mal-aimée.
« Chaque animal, et le papillon en est un, réalise sa part de nature et de beauté » (Aristote, philosophe grec).
Le-paon-du jour est remarquable pour plusieurs raisons :
- il est l’un des premiers papillons à se montrer au printemps ;
- sa dimension est de cinq centimètres ;
- ses ailes sont parées de grands ocelles comme celles des plumes d’un paon, d’où son nom.
Dès l’automne, il se cache près des maisons dans un endroit sombre et retiré pour vivre en état léthargique sans être inquiété.
Aux beaux jours, la femelle s’est accouplée, a pondu et collé ses œufs verts tendres sous la feuille d’ortie.
Ils sont restés vingt jours, protégés des intempéries et des oiseaux.
A la sortie des œufs, de minuscules chenilles non urticantes se sont rassemblées dans leurs filets de soie naturelle pour s’alimenter ensemble, pendant 30 jours, seulement de feuilles d’ortie sur la plante à l’abri de tout danger.
Les feuilles ingurgitées, il n’est resté de la plante que la tige avec des traînées de fil de soie et les mues des chenilles qui sont le signe du passage de l’espèce.
Après plusieurs mues, devenues noires, elles sont séparées et se sont accrochées à l’ortie, la tête en bas, au moyen d’un coussinet de soie (le crémaster) pour pouvoir se balancer sous le vent frivolant sans tomber.
En quelques jours, elles se sont transformées en chrysalides verdâtres aux reflets métalliques, typiques de l’espèce.
Ce stade nymphal a duré quinze jours pendant lequel le papillon s’est façonné et est né, sorti tête la première, ailes repliées et humides, après avoir percé l’enveloppe nécessaire à sa métamorphose.
Un jour après sa naissance, les ailes déployées et séchées, il a pu voler par beau temps et chercher sa première nourriture, appelée nectar sur des fleurs odoriférantes qu’il a pu capter avec les récepteurs olfactifs des ses antennes.
Dépliant sa trompe enroulée, il a aspiré cet aliment nectar, unique pour lui et qui le sera toute son existence.
D’où l’intérêt pour protéger la faune :
- de planter des espèces donnant avec leurs fleurs, du nectar, breuvage constitué essentiellement d’eau, de fructose, de glucose, de vitamines, d’acides aminés et de substances bactéricides nécessaires à la vie de ces insectes ;
- de laisser croître les orties pour nourrir les chenilles de ces frêles papillons en voie de disparition ;
- d’éviter d’employer toute substance chimique sur les plantes et les fleurs qui sacrifient les papillons lorsqu’ils s’y posent.
Avec l’autorisation de l’Est Eclair / Libération Champagne
Photo d’entête et de mise en avant © Couleur