Prenez le temps du Slow Food
Fast-food : « Restauration rapide, à bon marché. » (Définition du Petit Robert de la langue française)
Slow Food : ??? (Pas de définition officielle)
Constatons que le Slow Food n’est pas (encore) entré dans le dictionnaire. C’est bien dommage, car il est sans doute davantage porteur de sens que le fast-food.
Il est vrai que le concept est à la fois récent — il a été créé en 1986 en Italie — et plus complexe à définir que celui de restauration rapide.
On ne peut pas se contenter de sa traduction littérale : restauration lente, pour en résumer le principe.
Disons que le Slow Food est à la fois un mouvement sociétal, un courant de pensée, une philosophie et un état d’esprit qui empruntent aux valeurs de la gastronomie, des arts culinaires et de la bonne table.
Il suppose de recourir aux produits frais et de saison, idéalement bio ou issus de l’agriculture raisonnée, de privilégier les circuits courts et les producteurs locaux, dans le respect de l’environnement et de la biodiversité.
Le Slow Food se situe donc aux antipodes de l’agriculture intensive, de la nourriture industrielle et d’une consommation effrénée.
Il préfère la diversité à l’uniformité, la variété à la standardisation, la qualité à la quantité, la modération au gaspillage, l’artisanat à l’industrie, l’alimentation simple à l’alimentation transformée, le bien-manger à la malbouffe.
In fine, le Slow Food célèbre la lenteur d’un repas pris en famille ou entre amis au détriment des menus aussi vite oubliés que vite avalés.
Le Slow Food a posé le pied dans l’Aube, et plus particulièrement sur l’aire de Troyes La Champagne, sans dire son nom. Ni même être identifié comme tel. Sa présence sur le territoire est pourtant bien réelle.
Pour s’en convaincre, il suffit de regarder l’explosion ces dernières années des modes de distribution alternatifs. Ce sont ceux qui permettent aux consommateurs avertis de contourner les circuits traditionnels tout en ayant l’assurance d’acheter des produits de qualité élaborés par des producteurs locaux.
Deux groupes d’agriculteurs ont par exemple ouvert chacun un magasin de producteurs dans l’agglomération troyenne, l’un à Saint-Parres-aux-Tertres (Tendance Fermière), l’autre à Troyes (Passion Paysanne).
Beaucoup d’agriculteurs privilégient encore la vente directe à la ferme, comme Le Palais Fermier à Grange-l’Evêque (hameau de Macey et de Saint-Lyé), La Fille du Maraîcher à Saint-Germain, la Ferme du Pré Mazet à Torvilliers, la Ferme Razurel à Saint-Léger-près-Troyes, la Ferme de l’Allemagne à Saint-Thibault, ou la Scop des Viennes à Saint-André-les-Vergers (liste non exhaustive).
Certains producteurs proposent à leurs clients de faire leur cueillette eux-mêmes sur les terres de l’exploitation. C’est le cas du Jardin de la Perrière à Saint-Lyé, des Vergers de Saint Julien à Sainte-Maure, du Jardin des Saveurs à Saint-Léger-près-Troyes, ou de la Ferme du Bornet à Bouilly.
On ne manquera pas de mentionner l’existence de serres dans lesquelles on peut venir faire son marché. Citons celles de Creney-près-Troyes, de Saint-Lyé ou de Luyères.
Certains exploitants agricoles ont fait le choix d’installer des distributeurs automatiques remplis de leurs produits et de ceux de leurs collègues pour aller au-devant de la clientèle.
Citons la Ferme de la Diligence à Aubeterre et Saint-Julien-les-Villas, la Ferme des Nozats à Torvilliers, les Jardins de Villy à Buchères, la Ferme du Marraud à Barberey-Saint-Sulpice (avec une spécialité : les pommes de terre), la Ferme de la Briqueterie à Vauchassis et Estissac (avec une spécialité : les œufs).
On trouve de tout dans leurs casiers : du pain, de la viande, des fruits, des légumes, des produits laitiers, des boissons, des pizzas, des plats préparés et même, tenez vous bien, du poisson, des huîtres et des fruits de mer ! C’est à Pont-Sainte-Marie que cela se passe, au marché des Ecrevolles, sous l’enseigne Que du Bon !
D’autres producteurs ont décidé que le point le plus court entre eux et leurs clients passait par… Internet. On commande sur un site de vente en ligne et on vient chercher son panier le jour convenu dans un lieu donné. C’est le système adopté par le Drive Fermier à Saint-André-les-Vergers, La Ruche qui dit Oui ! à Pont-Sainte-Marie, Saint-Julien-les-Villas et Villacerf, et par Locavor à La Chapelle-Saint-Luc, Clérey et Jeugny. On peut même se faire livrer à domicile ou au bureau grâce au site Patati et Patata.
A l’e-commerce on peut toutefois préférer le commerce à l’ancienne et notamment les tournées effectuées par les épiceries ambulantes, à l’image du Camion de l’Epicière dans le pays d’Othe.
Les adeptes de l’alimentation bio seront ravis d’apprendre que plusieurs enseignes spécialisées ont pignon sur rue à Troyes La Champagne : la Coopérative Hermes (qui fait figure de pionnier), Persil & Ciboulette, Biocoop ou La Vie Claire.
Remarquons enfin que de nombreux producteurs mixent différents canaux de distribution, et que beaucoup par exemple sont présents sur les marchés.
Il en existe une quinzaine sur le territoire de Troyes La Champagne, dont quatre dans Troyes intra-muros.
Nous ne saurions conclure un article consacré au Slow Food sans mentionner l’existence de tous ces producteurs et ces artisans qui prennent le temps de faire mûrir leurs produits. On songe en particulier aux viticulteurs de Montgueux qui élèvent amoureusement le champagne dans leurs caves, et à la Fromagerie Pouillot, qui affine patiemment ses fromages et les vend non seulement en boutiques, mais aussi dans un distributeur automatique et même sur le Web !